
Il est des souvenirs que l’on garde en soi sans pour autant que ceux-ci soient énormément marquants. Parmi ceux-ci, on peut par exemple citer les nombreuses heures passées à jouer sur cpc ou à lire les revues de l’époque. On le sait, ça a eu lieu, mais sans que ces souvenirs ne soient spécialement précis.
On va se rappeler de la pièce où était située notre machine adorée, l’ambiance du lieu, parfois même d’avoir joué à tel jeu une journée particulière. Mais pourtant ces souvenirs ne sont pas en soi importants dans le déroulement de notre vie.
Parmi ces souvenirs, j’en ai quelques-uns qui m’ont tout de même marqué et qui au final m’auront fait développer des capacités que beaucoup de mon âge n’avait pas, à savoir taper rapidement sur un clavier.
Effectivement, pendant qu’à l’école on nous avait fourni des Thomson avec leur clavier gomme bien pénible, sur CPC ça n’était pas la même histoire. On avait un vrai clavier nous !
Alors beaucoup se sont contentés de faire un CAT suivi d’un RUN certainement. Mais parmi les jeunes que nous étions (oui désolé de parler de vous au passé), beaucoup de ceux qui avaient un CPC pratiquaient une activité qui leur permit d’acquérir une certaine dextérité au clavier : le tapage de listing !

Chaque magazine avait en général au moins quelques pages réservées à des listings. Parfois courts, mais aussi parfois extrêmement longs (Molecularr; Alinka…), ces listings étaient attendus tous les mois et nous permettaient à moindres frais d’obtenir de nouveaux jeux. Alors on s’usait les yeux et les doigts pendant de nombreuses heures pour un résultat parfois (souvent) loin d’être à la hauteur de nos espérances. Mais c’était parfois aussi de belles surprises. Je me rappelle personnellement de quelques jeux dont : Banquise; Pac Girl; Xalk; The Bug; Les Mings; L’excellent Matchu Picchu; Sortilège 3D; Space Mazes; Schuss; Twins et tant d’autres. Il y eut aussi quelques démos et utilitaires bien entendu.
Parmi la quantité impressionnante d’auteurs de jeux dans les dits magazines de l’époque, on retrouvait essentiellement deux auteurs très prolifiques. Le premier était le célèbre Claude Le Moullec. Le deuxième est justement l’auteur du jeu dont nous allons parler: Les Black System !
Alors je dis l’auteur, mais je devrais plutôt parler des auteurs, car il s’agit ici d’un groupe composé de deux frères: Luc et Hervé Guillaume. Ceux-ci sortiront donc de nombreux petits jeux entre 1988 et 1993. Je ne vais pas m’étendre plus sur leur groupe et leurs productions car ceci serait trop long et je le rappelle, je suis là pour tester l’un de leurs jeux: Sky War.
Sky War, autant vous dire qu’à l’époque on en a bouffé ! Le jeu a simplement été diffusé en listing dans feu le magazine CPC infos sur 4 numéros. Entièrement sous forme de datas hexadécimaux, on peut dire qu’il en fallait de la motivation pour en voir le bout. Et quand comme moi ayant tapé la partie 2 en premier en pensant qu’elle serait mieux que la 1, vous vous retrouviez devant une demande de code, il faut avouer que la motivation de s’y remettre et de taper la première partie avec obligation de la terminer pour enfin avoir ce fameux putain de code pour jouer à la partie 2 était plus que limitée…
Alors je l’ai tapé ce listing. Les deux parties y sont passées et quand enfin je lançais le jeu par un RUN bien mérité, ce fut un plaisir de voir autre chose que deux pauvres sprites de merde s’évitant à l’écran.

Disons le directement, une fois pour toutes, les Black System ne sont pas connus pour leur originalité. Pas de nouveau concept, la plupart du temps, leurs jeux seront des remakes de titres célèbres. Ici c’est simple on est face à une copie version “budget” de l’excellent Army moves.
La première partie de Sky War reprend le concept du deuxième stage d’Army moves. Vous êtes donc en hélicoptère avec possibilité de tirer devant, mais aussi sous votre appareil. Contrairement à l’original ici une seule touche suffit pour tirer dans les deux directions et ceci en plus avec un auto-fire. Le bonheur quoi, c’est carrément du luxe.
Graphiquement c’est plutôt joli, même si le fond noir est un peu triste surtout quand on a pour deuxième nom de groupe Tropic soft, on imagine le sable chaud et le ciel bleu sans nuage. Bon les nuages on les a. Il donnent un effet de parallaxe bien sympa d’ailleurs ainsi que les quelques étoiles de fond. C’est mignon. En plus, on passe derrière ces premiers, ça donne une vraie impression de profondeur. Les sprites sont d’une taille parfaitement honnête et les vagues d’ennemis bien pensées même si peu originales.
Pour le jeu en lui-même, c’est un poil lent au déplacement. Cela causera entre autres problème pour éviter certains ennemis déjà trop proches de vous. Mais bon, ça bouge bien quand même et on n’a pas de ralentissement même quand plusieurs ennemis sont à l’écran. En fin de stage, on aura le droit à des boss (au nombre de 2 puisque seulement 2 stages). Le niveau n’est pas bien difficile et y ayant rejoué juste avant d’écrire ces quelques lignes, il m’aura fallu juste deux parties pour en venir à bout.

Soyons clair, on est face ici à un petit jeu très court dont l’ambition n’est pas de faire mieux que l’original. Alors oui, les ennemis sont cons comme des manches, les vagues ennemis sont simples avec des mouvements très prévisibles, mais on s’amuse quand même. Remis dans le contexte de l’époque, j’avoue que j’ai dû pester un moment devant l’absence de difficulté et la durée du jeu après toutes ces heures passées à taper le listing. Mais bon, je ne m’en souviens pas contrairement à d’autres listings qui eux m’avaient bien gonflé (dont Molecularr avec son test de touche qui ne fonctionnait pas sur CPC+… Coucou Fred si tu me lis).
La deuxième partie reprend en moins bien le deuxième niveau d’Army Moves. En beaucoup moins bien. Nous sommes donc désormais à pied dans une jungle marécageuse où se promènent des ennemis prêts à vous faire rendre l’âme à tout moment. Niveau technique, on reste du même niveau qu’avant, certains décors sont masqués et tout reste correctement animé malgré le nombre de sprites à l’écran. Le jeu en lui-même est assez mou et en 2 parties on en vient à bout facilement. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus.
Globalement pour un jeu en listing dans les magazines, Sky War s’en sortait franchement pas mal. Alors certes, le nombre d’heures passées à taper des datas était bien supérieur aux minutes de jeu et on peut ainsi regretter que tout ceci ne soit pas plus long. Sauf que pour que ce soit plus long il aurait fallu améliorer le jeu en lui-même. Pourquoi ? Parce qu’au final on se fait déjà un peu chier quand on a choppé le coup. L’action est très linéaire. On laisse appuyé sur le bouton de feu, on évite de trop se déplacer dans le niveau en hélico en tuant ce qui vient face à nous pour finalement nous déplacer uniquement lorsque quelque chose nous arrive directement dessus. Dans la jungle, on apprend à se placer de façon à ce que les ennemis ne puissent nous toucher que d’un côté, on attend que les mines pètent puis on avance en tirant. Pour améliorer la longueur, il aurait donc fallu changer quelques trucs. Dans Army Moves par exemple un tir de grenade venait en permanence nous obliger à nous déplacer dans la phase à pied. Il ne faut pas oublier que le jeu a failli être vendu par la société Ackerlight. Si le jeu était le même alors franchement mon avis aurait été tout autre, car pour le coup on est bien en face d’un petit jeu adapté pour les magazines, mais guère plus.
Finalement, jouer à Sky War de nos jours n’a pas énormément d’intérêt si ce n’est pour voir ce qu’étaient les jeux des légendaires Black System. Même si l’ensemble est propre et bien réalisé, le manque d’originalité et de défi fera que l’on s’ennuie rapidement quand on n’a pas terminé le jeu en 5 minutes. Mais n’oublions pas que ces jeux nous ont fait rêver pendant parfois plusieurs mois quand il fallait patienter pour avoir la suite des listings. Une part de nostalgie fera peut-être renaître des sensations d’enfance.
Toujours un plaisir de lire les tests de BDCIron. Celui ci est d’autant plus intéressant qu’il m’a en effet remémoré les tapages de listings interminables sur Amstrad Cpc ☝️ et ça pour des résultats souvent pas terrible ! Mais c’était nos délires et on y croyait. On s’attendait au final à des tueries ! On le sait tous, quand on est jeune, l’espoir fait vivre … De plus Les Black System, ça me rappelle bien quelques chose, c’est sur mais c’est très loin dans ma mémoire … et puis tu as utilisé un mot que j’affectionne particulièrement depuis quelques temps : Nostalgie ! Et au final j’aurais une question : qui serait capable aujourd’hui de refaire ce genre de listing dans un fanzine par exemple ? 😉 mais surtout qui serait capable de passer des heures à taper ces listings aujourd’hui ? 🤪
Voilà voili voilou…
Merci encore BDCIron d’avoir remémoré en moi ces magnifiques souvenirs …
Alors honnêtement moi ca me dirait bien de retaper un listing. Mais pour ça il ne faut pas que le jeu ait été diffusé en parallèle sinon ca perd toute sa magie.
Merci pour ton commentaire 🙂